L’Iran affirme que les hommes armés ne seraient pas des rebelles qui ont renversé Bachar al-Assad
Par Alain SAYADA Israel Actualités Digital
Publié 9 décembre 2024 06h15
Un groupe d’hommes armés non identifiés a pris d’assaut l’ambassade d’Iran à Damas dimanche après que des rebelles islamistes ont pris la ville et renversé le régime de Bachar al-Assad, qui, selon le ministère russe des Affaires étrangères, a fui le pays et laissé des “instructions” pour un transfert de pouvoir.
La télévision d’Etat iranienne a rapporté l’incident de l’ambassade, affirmant qu’elle ne pensait pas que les hommes armés étaient affiliés au groupe rebelle qui a pris la ville. L’Iran avait retiré la plupart de ses responsables et leurs familles samedi, ne laissant sur place qu’une poignée de diplomates.
“Il semblerait que l’ambassade iranienne et les magasins voisins aient été pris d’assaut par un groupe armé différent de celui qui contrôle aujourd’hui [la majeure partie de] la Syrie”, a indiqué la télévision d’Etat iranienne, faisant référence à Hayat Tahrir al-Sham (HTS), fer de lance des récentes avancées des rebelles.
Les médias arabes et iraniens ont partagé des images de l’intérieur des locaux de l’ambassade, où les assaillants ont fouillé des meubles et des documents à l’intérieur du bâtiment et ont endommagé certaines fenêtres.
Des combattants rebelles se tiennent près de l’ambassade d’Iran avec une affiche déchirée du chef du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah et du commandant iranien Qassem Soleimani après que les rebelles syriens ont annoncé qu’ils avaient renversé le président Bachar al-Assad, à Damas, le 8 décembre 2024. (Reuters/Firas Makdesi)
Selon la télévision syrienne, Assad et son épouse Asma al-Assad, d’origine britannique, ont fui Damas ce week-end avec leurs trois enfants. On ignore où ils se dirigeaient.
Une déclaration vidéo d’un groupe d’hommes à la télévision d’État syrienne a déclaré qu’Assad avait été renversé et que tous les prisonniers avaient été libérés.
Le Premier ministre syrien, Mohammad Ghazi al-Jalali, a déclaré dimanche matin qu’il ne savait pas où se trouvait Assad. Il a déclaré à la chaîne de télévision saoudienne Al-Arabiyya que les deux hommes avaient perdu la communication samedi soir.
Le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué dimanche sur Telegram que le président syrien Bachar al-Assad avait quitté la Syrie à la suite de négociations avec des groupes rebelles et que le dirigeant syrien de longue date avait laissé des « instructions » pour « transférer le pouvoir de manière pacifique ». Le ministère russe a précisé que le Kremlin n’était pas directement impliqué dans ces discussions.
L’entrée de l’aérodrome militaire de Kweyris, dans la partie orientale de la province d’Alep, le 3 décembre 2024, où un portrait du président syrien Bachar al-Assad et un drapeau national ont été jetés à la poubelle. (Rami Al Sayed/AFP via Getty Images)
Des foules de Syriens se sont rassemblées sur les places centrales de Damas pour célébrer la nouvelle du départ d’Assad. Certains ont scandé des slogans anti-Assad et klaxonné. Dans d’autres quartiers, des coups de feu ont retenti en guise de célébration.
La Syrie est plongée dans une guerre civile sanglante depuis près de 14 ans, les rebelles islamistes cherchant à renverser la dynastie Assad. L’effondrement apparent de plus de 50 ans de règne de la famille Assad sur la République d’Arabie syrienne constitue un tournant monumental dans la politique du Moyen-Orient.
Le renversement du président Assad en Syrie constitue une nouvelle crise à laquelle doit faire face la nouvelle administration Trump au Moyen-Orient. (Getty Images)
Abou Mohammed al-Golani, le chef islamiste du HTS, dont la tête a été mise à prix par les Etats-Unis à hauteur de 10 millions de dollars, cherche à présenter une version atténuée de l’islamisme radical qui a caractérisé ses années de combat en Syrie et en Irak contre les troupes américaines. Al-Golani a été arrêté par l’armée américaine au cours de la première décennie de ce siècle.
Des experts syriens ont déclaré à Israel Actualités Didital que HTS cherche à imposer un régime islamiste totalitaire à la population. Phillip Smyth, un expert des groupes mandataires du régime iranien et de la Syrie, qui travaille pour l’Atlantic Council, a déclaré à Israel Actualités Digital : « HTS est un groupe qui est une émanation d’Al-Qaïda et qui a des liens avec la Turquie. Leur objectif final est de créer une société de type taliban avec quelques modifications. »
Des combattants de l’opposition retirent un drapeau gouvernemental d’un bâtiment officiel à Salamiyah, à l’est de Hama, en Syrie, le samedi 7 décembre 2024. (AP Photo/Ghaith Alsayed)
Al-Golani a interdit à ses combattants d’ouvrir le feu en l’air à Damas.
« Les institutions publiques resteront sous la supervision du Premier ministre jusqu’à leur transfert officiel », a-t-il déclaré dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux de son groupe.
Alain SAYADA pour Israël Actualités Digital